CONTEXTE MACRO-ECONOMIQUE: Le dilemme des banques centrales
Les taux d’intérêt des banques centrales, tant l’européenne – la BCE – que l’américaine – la FED –, devraient-ils être abaissés, et, si oui à quel rythme ? Alors qu’il semblait évident, fin 2023, que la politique monétaire allait être assouplie, et cela aussi rapidement que fortement, vu que le spectre d’une inflation persistante s’était évanoui, aujourd’hui, la perception dominante est bien différente. Ce qui est attendu est bel et bien que détente il y aura – elle a très modestement commencé dans la zone euro – mais selon un tempo nettement plus modéré qu’escompté il y a 9 mois. La raison de cette inflexion majeure est double : l’inflation montre des signes de résistance et l’économie américaine défie cette entrée en récession que la hausse des taux allait immanquablement occasionner. Pourquoi baisser les taux, alors que l’activité se porte raisonnablement bien et que l’inflation n’est pas encore revenue sous les 2%, seuil sur lequel les banques centrales se sont braquées ?
Que faut-il attendre en la matière ? Pour tenter de répondre à cette question-clef en matière de stratégie d’investissement, la moins mauvaise des approches est de postuler une certaine rationalité – alors que, bien sûr, celle-ci est loin d’être toujours au rendez-vous –, de considérer les avantages et les inconvénients d’une politique monétaire plus ou moins accommodante, de les pondérer et d’arriver à un scénario. C’est ce que nous allons synthétiquement faire ci-dessous.
Pour une baisse rapide des taux
Le premier argument pour une baisse marquée des taux officiels, de court terme, est l’état de la conjoncture. Certes, les Etats-Unis ont échappé, et pas de peu, à la récession tant annoncée, et le marché du travail reste porteur de part et d’autre de l’Atlantique, mais les signaux avant-coureurs sont moins roses. En Belgique, petit microcosme intéressant, une enquête du Voka, l’organisation patronale flamande, révèle que seuls 13% des chefs d’entreprise interrogés voient la situation économique sous un jour positif, face à une moitié la considérant comme négative, voire très négative. A ce jour, l’emballement de l’inflation et la hausse des taux entre 2001 et 2023 semblent ne pas avoir été trop pénibles pour l’économie des pays industrialisés, mais il faut tenir compte d’un certain effet retard.
Le deuxième argument est relatif à l’inflation. Certes, elle n’est pas encore revenue à 2% mais une certaine inertie dans le taux de variation des prix à la consommation est à l’œuvre. En fait, la désescalade de l’inflation, qui a culminé à plus de 10%, est spectaculairement rapide. De plus, méthodologiquement, nous savons que l’inflation est imparfaitement mesurée, qu’il s’agisse de logement, d’effet de substitution entre produits en cas de hausse différenciée des prix de vente ou de changements de qualité. Si on ajoute qu’un objectif d’inflation à 3, voire 4%, ferait théoriquement davantage sens qu’un objectif à 2%, il n’y a vraiment pas à s’opposer à une baisse des taux pour cause d’inflation trop élevée. Et, cerise sur le gâteau, l’arme des taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation est d’une efficacité douteuse – en d’autres termes, son coût économique est trop élevé – quand le problème se situe du côté de l’offre plus que de celui de la demande. Une politique concurrentielle plus assertive serait ici plus indiquée que la rigueur monétaire.
La troisième famille d’arguments a trait aux effets néfastes d’un coût de financement élevé. Qui dit taux officiels maintenus au niveau actuel, dit financement des pouvoirs publics – lourdement endettés – plus onéreux, ce qui nuit à leur capacité d’action, et financement de l’investissement plus difficile. Le financement, et public et privé, de la transition environnementale, en particulier, seraient entravé par de choix rigoriste.
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Etienne de Callataÿ – etienne.decallatay@orcadia.eu
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